Serpents venimeux au Maroc : Comprendre leur prolifération récente et s’en protéger
Tout récemment, nous entendons parler de l’apparition massive des serpents (et autres reptiles aussi en l’occurrence les scorpions) dans différentes régions du Maroc. Le sujet a été trop relaté sur les réseaux sociaux, ce qui a suscité un certain sentiment d’inquiétude et de curiosité de la part de la population. L’inquiétant est que cette apparition a touché des régions, qui n’ont jamais connu ce fléau auparavant. Regardons de plus près ce sujet inquiétant, et apportons quelques éléments d’éclaircissement à tout lecteur soif d’apprentissage. Seront traités sur ce blog les points suivants :
– Les différents types de serpents présents au Maroc (nous citerons que les venimeux).
– La régionalité de leur présence (ou des accidents constatés).
– Les causes de leurs inquiétantes apparitions.
Et nous clôturons ce sujet par quelques conseils pratiques à prendre très au sérieux.
En guise d’introduction, donnons quelques données fondamentales sur les serpents. Les scientifiques recensent 2.700 espèces de serpents dont 400 max sont venimeuses. Il s’agit d’animaux vertébrés (ayant une colonne vertébrale) sans pattes apparentes, et qui pondent des œufs pour se reproduire. Tous les serpents sont carnivores (mangent la viande). Leur appartenance biologique est la grande famille des reptiles (pour les différencier des animaux et des insectes volants et rampants).
Tous les serpents appartiennent à la famille des Serpentes. Après, et avec les lézards, ils forment la famille des sauriens. Leurs tailles sont très variables, allant de quelques centimètres à sept mètres. Leurs poids sont variables aussi. Le plus énorme est très probablement l’anaconda avec ses 100 kg et 5,2 mètres. La présence de telle ou telle espèce dans un milieu précis va dépendre des caractéristiques de ce milieu et la préférence et prédisposition biologique de cette race. C’est ainsi qu’au Maroc, sont présentes les races suivantes (nous citerons, dans un souci de concisions, seulement les races venimeuses).
Serpents venimeux existants au Maroc.
Daboia mauritanica
Le nom commun en français est le plus souvent vipère Maurétanie ou de l’Atlas (ou vipère des sables).
Serpent très venimeux et responsable de la grande partie des envenimations survenues au Maroc.
Echis leucogaster
L’Échide à ventre blanc est une vipère qui dépasse rarement les 60 cm. Il s’agit d’une espèce ovovivipare vivant dans des milieux secs et pierreux, et dans les ruines. En été, notamment par fortes températures, elle est nocturne.
En hiver, elle devient diurne. Son alimentation se compose principalement de rongeurs (rats et souris) et autres petits mammifères. Son venin est l’un des plus virulents des serpents d’Afrique.
Cerastes cerastes
De couleur sable avec d’énormes taches, elle est appelée aussi la Vipère à cornes (car de petites cornes sont visibles sur sa tête).
C’est un serpent venimeux qui vit dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Elle chasse à l’affût, généralement cachée sous le sable
Bitis arientans
Appelé aussi la Vipère heurtante. Cette espèce est présente dans près des deux tiers sud de l’Afrique ainsi que dans le sud de la péninsule Arabique.
C’est un serpent venimeux, essentiellement nocturne qui se nourrit de mammifères, d’oiseaux, et de lézards.
Naje legionis
Espèce très connue et célèbre au Maroc (principalement grâce aux charmeurs de serpents), on la trouve principalement au sud du Maroc.
Sa taille varie de 1,30 m à un peu plus de 2 m pour les plus grands exemplaires. Sa coloration est le noir profond ou noir brunâtre.
Vipera monticola
Son nom signifie ‘’habitant des montagnes’’, est donc un serpent endémique (exclusif à une région géographique spécifique).
En effet, ce serpent habite en altitude. Au Maroc, il vit entre 1200 et 3 900 mètres d’altitude. Il est visible dans des régions comme Oukaïmden.
Vipera latastei
Ce serpent qui atteint au maximum 72 cm est visible sur la méditerrané (au nord du Maghreb et au sud de l’Europe).
Il mène une vie solitaire, et passe la grande partie du temps caché sous des rochers.
Les femelles de cette espèce sont ovipares ; les œufs se développent et éclosent à l’intérieur de la femelle. Elles ne donnent naissance qu’une fois tous les 3 ans, entre 2 et 13 petits entièrement développés.
Cerastes vipera
Surnommée « vipère d’Avicenne » cette espèce mesure entre 35 cm et 50 cm maximum.
Elle est observée sur la partie nord de l’Afrique. Lorsqu’il fait chaud, ce serpent reste enfoui dans le sable ou se cache à l’ombre des buissons. Il chasse la nuit.
La Cerastes vipera est un serpent carnivore préférant les lézards, les reptiles, petits rongeurs et oiseaux.
Où sont constatés les cas d’envenimation ?
C’est pendant l’été que les cas d’envenimation sont fréquents. Le ministère de la Santé soutient que le Royaume fait face à 350 cas de morsures de serpents chaque année. Selon une étude du centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), les régions les plus touchées sont : Tanger-Tétouan-Al-Hoceïma (32,3 %) ; Marrakech-Safi, Souss-Massa (10,9 %) ; Drâa-Tafilalt et Fès Meknès (9,9 %) chacune. Vraisemblablement, les statistiques sont moins bien collectées des autres régions du pays. Mais le constat qui a frappé le citoyen cette année est que des régions sans risque auparavant le présentant maintenant. Nous allons exposer plus bas les causes habituelles de l’apparition des serpents (dans leurs zones habituelles), pour citer par la suite les raisons pour lesquelles on a constaté leur apparition dans de nouvelles régions.
Facteurs influençant l’apparition des serpents
– La saison : Les serpents sont plus actifs pendant les mois chauds, à partir de la fin du printemps jusqu’à l’automne. Ça correspond à leur période d’accouplement (ils sortent pour chercher un partenaire pour s’accoupler).
– Température : Des températures clémentes favorisent leur sortie, tandis que des températures extrêmes peuvent les inciter à se cacher (dans des trous, et parmi les branches).
– Proximité de la nourriture : À l’instar de tous les animaux et insectes, les serpents sont attirés par les zones où sont présentes les proies potentielles comme les rongeurs, les lézards, ou les oiseaux.
– Abri : Les serpents cherchent des endroits pour se cacher, comme des tas de pierres, des buissons denses, ou des terriers. Ils évitent les endroits trop exposés. Notons que certaines espèces peuvent se cacher dans le sable. Maintenant, exposons quelques raisons pour lesquelles, la présence des serpents a été constatée dans des zones qui ne leur sont pas habituelles.
Causes d’apparitions inhabituelles
– Prolongement des habitations (chantiers) vers les zones rurales : L’expansion de l’activité immobilière fait que des zones rurales sont touchées. Du coup, des chantiers sont lancés avec ce qui s’ensuit comme le creusement de grands fossés ou l’arrachement des arbres et plantes, ou encore des pierres. Tous ces éléments constituent des cachettes de serpents, et en leur absence, ils sortent pour chercher d’autres refuges.
– Expédition des palmiers des zones chaudes vers les zones urbaines : Les palmiers utilisés comme éléments de décoration sont ramenés des zones chaudes qui sont leurs terrains habituels et parfois avec des serpents dedans. Une fois débarqués aux zones cibles (des villes), les serpents sortent, car constatant beaucoup de mouvements et sentant le risque.
– Transport du sable des zones chaudes vers le milieu urbain : Pareil pour les palmiers, le transport du sable pose le même problème et aboutit au même résultat.
– Déplacement des plantes et du terreau par les pépinières des zones de présence des serpents vers les villes : Encore une raison liée au déplacement d’outils des zones de présence des serpents vers des zones où ils ne vivent pas d’habitude. Aussi, avec beaucoup de plantes dans les pépinières, les serpents trouvent refuge facilement surtout s’ils sont petits de taille. Et le risque de leur sortie de la pépinière est omniprésent.
Pour conclure, nous allons citer quelques conseils aux lecteurs de ce blog, conseils issus de notre expérience et de notre contact avec des personnes spécialisées en la matière (responsables du centre antipoison dépendant du ministère de la Santé, biologistes et personnes s’intéressant de plus près aux serpents).
Comment éviter les morsures de serpents ?
- Ne pas pénétrer ses mains dans des trous et crevasses inconnus.
- Éloigner la poubelle de la maison (car elle attire les rongeurs qui attirent les serpents).
- Éviter de marcher dans des zones avec une grande densité de plantes où la visibilité n’est pas bonne.
- Porter des chaussures protectrices (genre bottes) pour les personnes travaillant dans les champs.
- Au tour de la maison, procéder à des opérations de désherbage régulièrement.
- Le soir, faire très attention à ne pas se mettre dans des zones avec une grande densité d’herbes.
Pendant la période estivale, le risque est beaucoup plus grand, c’est à ce moment qu’il faut doubler de vigilance.
Que faire en cas de morsure ?
- Calmer le blessé et le garder dans une position confortable.
- Ne pas bouger la partie blessée.
- Éloigner le blessé de l’endroit de l’accident.
- Enlever montres, bagues, chaussures ou tout objet pouvant entraver la circulation sanguine.
- Si possible, prendre le serpent en photo.
- Transporter le blessé en urgence à l’établissement hospitalier le plus proche.
À ne pas faire en cas de morsure ?
- Serrer l’organe blessé avec une ceinture, fil, ou autre, car ça va empêcher l’écoulement du sang vers cet organe.
- Trancher, sucer ou piquer l’endroit mordu.
- Appliquer des produits chimiques, ou plantes sur l’endroit mordu.
- Prendre des anti-inflammatoires.
La publication de ce blog est dans un but d’informer et aussi de conseiller et orienter sur un sujet très sensible, car touchant la sécurité des personnes. Avec un minimum de savoir, les gens peuvent éviter beaucoup de dégâts, et des vies peuvent être sauvées. Au Maroc, les personnes intéressées peuvent noter ce nom : le centre antipoison et pharmacologie au Maroc dont le site est : www.capm-sante.ma. Une adresse incontournable pour ce genre de sujets.